Présidentielle 2017 : François Asselineau

François Asselineau est un ancien haut fonctionnaire français. Diplômé d’HEC et de l’ENA, il parle japonais. Proche de Charles Pasqua, il rejoint le parti de ce dernier, le Rassemblement pour la France, en 1999. En 2004, il rejoint l’Union pour un mouvement populaire de Nicolas Sarkozy. En 2007, il fonde son parti Union populaire républicaine (UPR). Après avoir échouhé à se présenter à la présidentielle de 2012, il s’est préparé pendant 5 ans pour avoir les signatures nécessaires pour 2017.

Très technocrate et incollable sur les traités européens et la constitution française, François Asselineau aborde essentiellement un seul sujet : l’indépendance de la France. Il désire la sortie de la France de la zone euro, de l’Union européenne et de l’OTAN. Il ne veut rien renégocier mais sortir immédiatement de l’Union européenne, à la britannique. Pour lui, la construction européenne est la cause principale des problèmes des Français. Il s’oppose aussi au poids des banques sur la politique française. En terme de géopolitique, il est pour renouer le dialogue avec la Russie, rompre l’alignement avec le Qatar et l’Arabie Saoudite. Il veut porter le budget de la défense à 3% du PIB (actuellement il est à 1,77%). Enfin, son programme contient des réformes administratives techniques, dont la volonté d’établir une nouvelle constitution soumise à un référendum. Ses mesures sont souvent le plus souvent teintées de gaullisme et de souverainisme. Au sujet des nouvelles technologies, François Asselineau veut favoriser les logiciels libres, garantir l’anonymat sur Internet, protéger les lanceurs d’alerte et établir la neutralité du réseau. François Asselineau veut aussi « lancer une grande politique publique de médecines douces et alternatives, encadrée par des expertises médicales incontestables », ce qui est particulièrement paradoxal – car le terme « médecine douce » s’oppose à la médecine normale, et c’est cette médecine, non douce, qui est une science encadrée par des expertises.

S’il est souverainiste, on peut lui savoir gré de ne jamais tomber dans le racisme primaire et de s’opposer clairement à la diabolisation des immigrés et des musulmans, comme peut le faire parfois le Front national, tout comme Nicolas Dupont-Aignan ou François Fillon. Ainsi, son programme énonce : Refuser la stigmatisation insidieuse des Français d’origine arabe ou de confession musulmane comme la stigmatisation de tout Français en vertu de ses origines sociales ou ethniques ou bien de ses convictions politiques ou religieuses. Dénoncer la théorie du « choc des civilisations » comme une théorie fausse et nocive et prendre des mesures, notamment éducatives, pour convier les peuples à la « concorde des civilisations ».

Bref, François Asselineau est issu de la tradition de la droite gaulliste, il est farouchement souverainiste et pour un Frexit immédiat. On lui voit une certaine proxmité avec Nicolas Dupont-Aignan. On notera aussi que son proramme est léger. Souvent comparé à l’extrême-droite et Marine Le Pen par les médias, son programme est bien différent : Marine Le Pen est notamment plus floue au sujet d’une éventuelle sortie de l’Union européenne, elle est pour une politique plus sociale et elle est partisane des théories du choc des civilisations et du grand remplacement.

Les Républicains

Nicolas Sarkozy a une idée : renommer son parti Les Républicains. Probablement que ce sera rapidement validé par ses pairs. L’intérêt ? Faire oublier toutes les affaires que traine l’Union pour un mouvement populaire (UMP) comme un boulet, les problèmes des Balkany, Woerth, Dassault, Copé etc. Le truc avait déjà été utilisé lors de la création de l’UMP, pour faire oublier le vieux RPR : le nom rappelait trop aux électeurs la politique et les magouilles de Chirac et Pasqua. En plus de sembler nouveau, le nom Les Républicains sonne énormément américain, peu étonnant quand on connait l’atlantisme forcené de Sarkozy. Inutile de présenter le Republican Party de Reagan et de Bush père et fils. Bonne nouvelle : les réactionnaires se reconnaitront bien dans ce nouveau nom.

En chien de faïence, le gouvernement de Manuel Valls fait une politique de plus en plus libérale. Le symbole en est la loi Macron (en réalité : loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques). François Hollande, qui s’est dit l’ennemi de la finance lors de la campagne électorale de 2012, a en fait choisi un banquier au ministère de l’Économie. Finalement, la politique économique d’Hollande/Valls est très proche de celle de Sarkozy/Fillon. Le Parti socialiste n’a guère de socialiste plus que le nom. On pensera évidemment au Democratic Party américain ou au Labour Party anglais.

Bref, la politique française ressemble de plus en plus à la politique nord-américaine : deux grands partis, différents sur les questions sociétales mais très proches sur le reste… Seule originalité : un parti d’extrême-droite fort. Tout cela n’est guère ragoûtant !

Fascistes ou fâchés ?

Le résultat des élections européennes vient de tomber. Pour la première fois de la Ve République, un parti d’extrême-droite est en tête en France. Inquiétant ? Oui, mais pas surprenant.

Tout d’abord, le Front national (25,00 %, 24 sièges) a fait sa campagne électorale sur le rejet de l’Union européenne. Les eurosceptiques et les anti-UE sont nombreux en France et les raisons ne manquent pas : rejet du traité trans-atlantique, mépris du vote « non » au TCE de 2005, perte de souveraineté, attitude hautaine de l’Allemagne, manque de transparence de la Commission européenne… Certes, il y avait d’autres partis qui souhaitaient un changement d’orientation de stratégie de l’Europe. Mais le Front national était le plus direct : anti-Europe, anti-Euro, anti-Schengen. Son nom de liste : « Liste bleu marine. Oui à la France, non à Bruxelles ». Concis, efficace.

Bien entendu, le vote FN est aussi un vote raciste : anti-juif, anti-rom, anti-arabe et anti-musulman. Dans le discours du FN, le chomâge, les problèmes, c’est de la faute des immigrés. L’arrivée massive de Roms bulgares et roumains qui trainent dans les rues et les problèmes d’intégration des immigrés économiques n’aident pas la donne. En outre, la multiplication de femmes intégralement voilées, le malmenage de la laïcité et les revendications communautaires facilitent la progression de l’extrême-droite qui se positionne en rempart contre l’islamisation des terres chrétiennes.

La victoire du Front national, c’est aussi avant tout la faillite et le ras-le-bol de l‘UMP (20,30 %, 19 sièges) et du PS (14,70 %, 13 sièges). Le premier parti est englué dans son manque de propositions, ses affaires (Bygmalion, Takieddine, Balkany, Dassault…), son anti-gauchisme primaire et son combat des chefs. Le deuxième est embourbé dans sa gestion brouillonne du pays et l’augmentation de la pauvreté. Les personnalités des leaders François Hollande et Jean-François Copé ne font pas spécialement envie. Les gens ont cherché une troisième voix et ont pris celle qui crit le plus fort : Marine Le Pen. D’une certaine manière, c’est une transgression. Ce ras-le-bol se voit aussi par le taux d’abstention : 57,57 % des gens ne sont pas allés voter. De plus, les écologistes (8,95 %, 6 sièges – 2 fois moins qu’en 2009 !), sans ligne politique et présents dans le gouvernement Ayrault, ne sont plus vus comme une alternative aux grands partis.

Marine Le Pen a aussi des atouts. Sa stratégie de dédiabolisation fait qu’elle a un programme tellement flou que tout le monde peut s’y retrouver. De plus, elle fait du national-socialisme. Les électeurs de droite se retrouvent dans le côté nationaliste et les électeurs de gauche dans le volet défense des pauvres et des opprimés – elle siphonne ainsi l’électorat communiste dans le Nord et l’Est. Ainsi, selon un sondage Ipsos, les listes FN ont attiré 43 % des ouvriers contre 8 % pour celles du PS. C’est aussi la force du Front national : il est capable de séduire tout le spectre politique – c’était le but du Modem (9,93 %, 7 sièges) pour lequel cela n’a jamais très bien fonctionné. A contrario, les partis de gauche et d’extrême-gauche pouvant présenter une alternative au PS et à l‘UMPFront de gauche (6,61 %, 4 sièges), Nouvelle donne (2,90 %), Lutte ouvrière (1,17 %), Nouveau Parti anticapitaliste (0,40 %) etc. – ne peuvent séduire que les électeurs de leur camp. Idem avec les partis polarisés à droite. Marine Le Pen, elle, peut séduire tout le monde.

Ce résultat du Front National est historique. C’est aujourd’hui de facto le premier parti de France et les gens le plébiscitent. Il est particulièrement populaire auprès des exclus, des pauvres et des mal éduqués. Il joue sur les peurs, préfère les slogans au fond, avance sur les erreurs des autres. Il progresse et progressera encore, surtout qu’il n’a pas grand monde sur sa route.

En effet, les nouveaux partis ont du mal à percer. Le Front de gauche emmené par Jean-Luc Mélenchon (6,61 %, 4 sièges) et Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan peinent à convaincre (3,92 %). Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou, Bruno Gaccio et Patrick Pelloux est à 2,90 %. Nous Citoyens de Denis Payre est à 1,41 %. Lutte ouvrière et Alliance écologiste indépendante sont à peine au-dessus d’1 %, les autres formations font moins – dont le Nouveau Parti anticapitaliste ! – et sont invisibles.

France 2007 : Les 4 derniers

Analyse des candidats à la présidentielle en France : Sarkozy, Schivardi, Voynet, de Villiers.

Nicolas Sarkozy, Union pour la Majorité Plurielle (UMP)

Le représentant de la politique du gouvernement depuis cinq ans, dont il est très fortement comptable, puisqu’il y fût ministre d’État, à l’économie et à l’intérieur. Le CPE, le fichage génétique, la suppression des subventions aux associations de proximité, le DADVSI, les brevets logiciels, les réformes des retraites et de la sécurité sociale, c’est lui. Les lois sur l’immigration, sur le racolage passif, c’est lui. Le flashball, le « tout répression », les caméras de surveillance partout, le flicage au nom de l’insécurité, c’est lui. Il est ouvertement pro-américain et est allé dire à Bush qu’il était pour la guerre en Irak. De plus, il se démarque d’autres politiciens de droite par un discours fréquemment très à droite. Dans son programme, il veut réformer la laïcité : il est pour que l’état finance les cultes ; il est aussi pour le développement des armes anti-missiles.

Gérard Schivardi, Comité national pour la reconquête des services publics et de la démocratie (soutenu par le Parti des Travailleurs)

Pendant 30 ans membre du PS, il le quitte en 2003 et commence alors à défendre la cause des communes et des services publics. Candidat des maires, son programme est axé sur la défense des communes face à l’intercommunalité forcée, la défense et la reconquête des services publics de proximité, pour la défense de la République (vraiment) laïque, pour la rupture avec l’Union européenne. Pas que des mauvaises idées, mais j’ai du mal à comprendre les enjeux des communes, et en quoi cela concerne fortement les électeurs. Quant à la rupture totale avec l’Union Européenne, je ne suis pas fan.

Philippe de Villiers, Mouvement Pour la France (MPF)

Noble, catholique et d ‘extrême-droite, ol a peur de tout ce qui ne lui ressemble pas : ses cibles de prédilection sont les homosexuels et les maghrébins. Si on s’éloigne de la personnalité du bonhomme, sur le fond, cela ressemble beaucoup à du Le Pen. Tellement, qu’un militant du MPF disait le mois dernier à la télévision qu’à terme, le MPF et le FN pourraient se rejoindre.

Dominique Voynet, Les Verts

Comme d’habitude, les Verts ont l’air sympathiques, mais encore une fois pour cette campagne, leur parti fut le théâtre d’une guerre des chefs pas très maline. De plus en plus, les Verts ressemblent à des PS qui préférent la nature. Ils ont soutenu le TCE et son côté pro-libéralisme. Dans le même ordre d’idée, Cohn-Bendit a récemment déclaré (La Croix, 14 mars 2007) qu’il « souhaite voir Ségolène Royal gagner l’élection et constituer une coalition PS-UDF-écologistes ». En résumé, les Verts sont de moins en moins de gauche, ce qui s’observe facilement sur Internet en visitant des blogs de militants Verts. On peut prévoir que le score des Verts à l’élection sera faible.

Bye Bayrou

Bayrou. On ne parle que de lui pour les présidentielles. Il serait très haut placé dans les « fameux sondages » qui ne sont, rappelons-le, que des statistiques et donc pas neutres. Il battrait Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal au second tour des élections. Bon, ça, ce n’est pas dur : on ne parle que de ces deux derniers depuis un an, ils énervent tout le monde et comme dirait l’autre : « Ségolas Sarkolène, un seul candidat, un seul programme » (ce qui n’est quand même pas tout à fait vrai). On a donc un nouveau venu dans le débat. François Bayrou. Mais qui est-il, au juste ?

Je l’ai rencontré en vrai la première fois aux Rencontres Mondiales du Logiciel Llibre à Nancy en juillet 2006. Il venait pour parler de son engagement contre la loi DADVSI et pour les logiciels libres. De tous les politiciens présents, c’était le seul qui semblait s’intéresser davantage à recruter des électeurs et à faire sa publicité qu’à s’intéresser vraiment au sujet. Pour sa défense, on notera tout de même que les autres n’étaient pas candidats potentiels à la présidentielle, même si c’était des élus. Une autre chose qui m’a profondément déplu, c’est qu’il serrait des mains sans même regarder ou écouter la personne à qui appartenait la patte. Un pur comportement politicien. Ce n’était pas les cas de Michel Rocard (député européen PS), Richard Cazenave (député UMP) ou Martine Billard (députée Verts) également présents. On rappelera qu’il y a encore 2 ans, il était favorable aux brevets logiciels en Union Européenne, qui menacent directement les ligiciels libres. En outre, son parti et lui-même refusent toujours de s’exprimer sur ce sujet. Bref, tout cela n’est pas très cohérent.

Regardons plutôt son histoire politique. Il a commencé sa carrière politique en 1982, il est d’abord conseiller général, puis quatre ans plus tard député UDF des Pyrénées-Atlantiques. Situons l’UDF dans l’échéquier politique : c’est un parti de centre droit fondé en 1978 pour servir Valéry Giscard d’Estaing. La majorité des membres de l’UDF sont proches du RPR devenu UMP et nombreux ont quitté l’UDF pour rejoindre l’UMP ces dernières années. Depuis 2002, l’UDF fait alliance avec l’UMP à l’Assemblée Nationale et a participé au gouvernement de Raffarin et de celui de de Villepin. Ce n’est que depuis 2006 que l’UDF tient ses distances avec l’UMP. On notera pour l’anecdote que Pierre-Christophe Baguet, député UDF, est exclu du groupe UDF de l’Assemblée nationale en octobre 2006 après avoir déclaré son soutien dès le premier tour de la présidentielle à Nicolas Sarkozy; cependant, ses collègues conseillers généraux lui renouvellent leur confiance en le confirmant comme président du groupe UDF du Conseil général des Hauts-de-Seine (92). Au final, on n’est pas vraiment sûr si l’UDF est au centre, mais en tous cas, il est à droite.

Revenons à notre ami Bayrou. En 1993, il est nommé ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur. Lors de l’élection présidentielle de 1995, il soutient, de même que Nicolas Sarkozy, le candidat Balladur (RPR). François Bayrou est un catholique pratiquant et il crèche pour sa paroisse. Resté ministre sous Alain Juppé, il veut à tout prix intégrer au budget de l’État les investissements et la construction des établissements d’enseignement confessionnel, et intégrer à l’Éducation nationale les enseignants du privé. Il n’y parvient pas à cause du «tollé» que cela provoque dans l’opinion publique favorable à l’école publique laïque. En 2002, il se présente comme candidat de l’UDF à l’élection présidentielle; plusieurs leaders de l’UDF appellent à voter pour Jacques Chirac dès le premier tour, mais il arrive à obtenir 6,84% des voix au premier tour. En 2005, il soutient activement le Traité Constitutionnel Européen libéral, comme Sarkozy et Royal. Maintenant, il est candidat à la présidentielle de 2007.

Quelle est sa stratégie ? Bayrou joue à fond, et ça marche, la carte du centriste. Puisque depuis un an on oppose la gauche Royale et la droite Sarkozy, il se déclare, « ni de droite, ni de gauche ». Puisqu’il est acquis que son parti est ancré à droite, il déclare qu’il pourrait nommer, s’il était élu, un premier ministre socialiste. Puisque l’UMP et Sarkozy subissent les foudres des gens qui n’aiment pas la politique des gouvernements UMP depuis 2002, il déclare qu’il est désormais dans l’opposition. Puisque c’est à la mode, il signe le pacte écologique de Nicolas Hulot. Bref, Bayrou a l’air d’un type bien sympathique, à qui on ne peut rien reprocher, puisqu’il n’a pas vraiment d’étiquette politique claire. C’est un peu comme si un joueur de foot déclarait à ses collègues lors d’un match OM-PSG : « je ne suis ni de l’OM, ni du PSG, passez moi le ballon, vous verrez bien dans quel but je vais tirer ». Ouais. C’est une tactique politique habile. Mais bon, le coup du mec de droite qui veut faire croire qu’il est de gauche (ou l’inverse), ça a déjà été fait.