La débâcle américaine en Afghanistan

Le retrait rapide et confus des forces armées et des diplomates occidentaux d’Afghanistan interroge sur de nombreux points. Le premier, c’est le manque de préparation de l’administration Joe Biden pour cette opération. Certes la progression des Talibans a été très rapide, puisqu’ils ont repris presque tout le pays en quatre mois, mais l’accord de Doha ayant été signé en février 2020, le retrait aurait dû être commencé dès ce moment (ou au plus tard pour Joe Biden, dès son élection). Ce retrait, qui est presque un sauve-qui-peut, avec les Américains tentant tant bien que mal de protéger l’aéroport de Kaboul, a laissé sur place de nombreux Afghans qui avaient pris beaucoup de risques pour aider des Occidentaux qui leur avaient promis une vie meilleure. Seule une partie des collaborateurs ont pu être évacués. Les Américains ont vendu du rêve pendant vingt ans aux populations locales pour finalement les livrer à leurs bourreaux.

En effet, cette guerre n’a servi à rien. Vingt ans après, les Talibans sont de retour et Al-Quaida n’est pas éliminée. Le coût de la guerre de 2001 à 2021 est estimé, suivant les sources officielles américaines, entre 800 milliards et 2 mille milliards de dollars. Tout cet argent dépensé en vain, qui aurait pu être utilisé pour tant d’autres choses. La guerre aura fait également des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés. Tout cela, pour revenir au point de départ. Pourtant, ce conflit aurait pu être évité. L’Union soviétique, une des meilleurs armées du monde, avait échoué dans cette région quelques décennies plus tôt; même si les États-Unis et le Royaume-Uni soutenaient les Moudjahidines, aidant à « fabriquer » Ben Laden, cela aura du servier de leçon.

Les Européens ont aussi montré combien ils étaient dépendant des Américains. Le retrait très rapide des Américains a compliqué le rapatriement des diplomates et des expatriés européens et de leurs collaborateurs afghans, avec là aussi des gens qui sont restés sur place ou d’autres pris dans des mouvements de panique autour de l’aéroport. Les Anglais ont protesté avec véhémence auprès des États-Unis pour obtenir du temps supplémentaire, sans succès. Aucune armée européenne n’était en mesure de garantir la sécurité des autres après le départ des Américains, qui les ont complétement ignorés. Ceci illustre bien la dépendance militaire des Européens vis à vis des Américains.

Cet épisode montre que les Américains ne sont pas des alliés fiables. Ils peuvent s’éclipser du jour au lendemain, sans tenir leurs promesses et en laissant une population sans défense régler leur ardoise, mais en outre, ils peuvent laisser leurs alliés dans le pétrin. Les membres de l’OTAN savent à quoi s’en tenir.

Décodage du Brexit

Le Royaume-Uni a dit oui au « brexit ». Maintenant, les médias nous déballent un scénario catastrophe pour la perfide Albion. On dit que les Britanniques se sont trompés, qu’ils n’ont pas compris. Qu’ils sont chauvins, voire racistes. François Hollande, à la télévision, a dit vouloir le changement pour l’Union Européenne, lui qui n’a jamais renégocié aucun traité et laissé le pouvoir à Angela Merkel. On entend déjà des européïstes zélés dirent qu’ils feront tout pour que le référendum ne soit pas respecté, comme faire un nouveau vote ou donner un statut particulier à Londres. On lit certains essayer de créer la zizanie en séparant le vote des jeunes et des vieux, les bulletins des écossais et ceux des anglaisi. Les politiciens expliquent que le « non » doit être pris avec des pincettes, qu’ils savent ce qui est bon pour le peuple, qu’il faut changer profondémment la manière de faire de la politique – mais bien sûr en gardant les mêmes gens qui sont déjà au pouvoir depuis des lustres. Bref, on nous promet la même fin que le référendum sur le Traité établissant une constitution pour l’Europe de 2005, rejeté par les Français et les Néerlandais et néanmoins adopté par la suite.

Pourtant, objectivement, c’est un choix démocratique par un peuple souverain, qui a réfléchi à la question pendant de longs mois et qui est venu nombreux aux urnes. Nous devons respecter le vote de nos voisins d’outre-Manche. Ils ont fait un choix difficile, osé c’est vrai, on verra. L’avenir nous dira si c’était un bon choix pour eux à long terme. En tous cas, c’était sans doute un des pays pour lequel c’était le plus facile de sortir : le Royaume-Uni ne participe ni à l’espace Schengen, ni à la zone euro, ni à l’Union bancaire. C’est aussi un pays riche, membre du Commonwealth, qui a des liens privilégiés avec la première puissance mondiale : les États-Unis d’Amérique. Il est assez probable qu’à l’instar de la Suisse ou de la Norvège, ils arriveront à établir de nombreux traités avec leurs voisins, afin d’avoir de nombreux avantages de l’Union Européenne, sans avoir à financer les pays pauvres. L’Union pourrait être tentée de peu collaborer avec les Anglais par vengeance ou pour éviter un effet domino, mais en même temps elle aurait du mal à snober ce voisin important (qui représentait tout seul 15% de l’économie de l’UE). Ce qui est certain, c’est que la sortie du Royaume-Uni de l’UE ne l’exonèrerait pas des règlements, directives et décisions votées à Bruxelles afin de pouvoir commercer avec l’UE, au sein de l’Espace économique européen.

Pour l’UE, je pense que le « brexit » ne sera peut-être pas si négatif qu’on nous le dit. D’une part, l’UE a perdu son membre le plus rebelle, qui bloquait la construction sur de nombreux points. Ensuite, on peut supposer que la sortie du Royaume-Uni fera que certaines entreprises de la City migreront vers Paris, Francfort ou Amsterdam. Côté francophonie, on ne peut aussi que se féliciter de voir la langue anglaise passer de 13% de locuteurs natifs à moins de 2% parmi les membres de l’UE.

Les raisons du « brexit » sont multiples, cependant certaines sont assez évidentes et pas propres au Royaume-Uni : l’UE d’aujourd’hui n’est pas satisfaisante. L’UE conduit à une perte de souveraineté, qui est difficile à accepter par les vieux pays et les grandes puissances. De plus, les citoyens ont du mal à être gouvernés par des instances non élues, comme la Commission Européenne, fonctionnant dans une certaine opacité (on le voit par exemple avec TAFTA) ; le Parlement européen a trop peu de pouvoir. L’UE de 2016, c’est aussi celle qui est dirigée par Angela Merkel qui applique à l’UE une politique bonne pour l’Allemagne seulement (ou presque). Je pense aussi que l’UE devrait être plus fédéraliste, moins libérale, harmonisée fiscalement (pour éviter les dumpings de pays comme le Luxembourg ou l’Irlande), qu’elle ne devrait pas mettre les entreprises européennes en concurrence entre elles, qu’elle manque aussi d’une force de défense indépendante de l’OTAN pour exister diplomatiquement. Si les technocrates européens n’analysent pas ces points, on continuera à avoir une montée de l’extrême-droite et un rejet massif de l’UE parmi les citoyens des pays occidentaux (France, Italie, Espagne, Pays-Bas etc.).

Les couronnés perdent la tête

Ah ! Qu’il fût beau le mariage du prince William, duc de Cambridge, et de Catherine Middleton. Un vrai conte de fée à la Disney. Pourtant, il s’agit d’une entorse très grave au protocole : l’épouse n’est pas noble. Un potentiel futur roi d’Angleterre aurait dû épouser une princesse ou une duchesse, mais non : il s’agit d’une roturière issue de la grande bourgeoisie. En outre, elle n’est même pas pratiquante : elle a fait sa confirmation en mars 2011, un mois avant son mariage. À part la reine Élisabeth II, tout le monde a l’air de s’en contenter : en effet, c’est la mode.

Albert II de Monaco, dont la mère Grace Kelly était déjà roturière, a épousé Charlene Wittstock, une nageuse issue du peuple sud-africain. Henri, grand-duc de Luxembourg, a épousé une roturière de la bourgeoisie cubaine. Le titre de noblesse du mari français de la reine Marguerite II du Danemark est contesté ; leurs deux fils, prétendants au trône, sont mariés à des roturières. Philippe VI, roi d’Espagne, Harald V de Norvège, Carl XVI Gustaf de Suède, Guillaume-Alexandre des Pays-Bas, sont chacun mariés à une roturière.

Quant on y regarde de près, en Europe, outre Élisabeth II d’Angleterre, seuls Philippe de Belgique et Hans-Adam II de Liechtenstein (ainsi que son fils, le prince héritier) ont une épouse noble.

Or, le principe de base de la monarchie est que le monarque tire son pouvoir politique en raison de son sang. Il n’est pas élu, car il hérite par sa belle naissance d’une place unique dans la société. Si un roturier peut accéder au titre de « prince consort », « altesse » etc., alors c’est que tout le peuple peut y avoir droit : la famille royale n’a plus de raison de demander au peuple qui travaille de lui payer des carrosses, des banquets et de jolis châteaux. D’où le changement de régime pour la République.

Les monarques seraient-ils ancrés dans la société de consommation à ce point qu’ils oublieraient les fondamentaux politiques ?

Universitop, classement des universités mondiales

Ces derniers jours, j’ai entendu parler du Classement des universités mondiales. J’ai lu dans la presse, « cette université en Allemagne est bien car elle est bien classée dans le Classement. Celle-là en revanche, au Royaume-Uni, est mal classée : n’y envoyez pas vos enfants ». C’est assez divertissant. Les gens parlaient du Top 500 des univeristés mondiales fait par à l’Université de Shangai Jiao Tong. Dans les 20 premiers, on trouve 17 universités américaines. Cela ne paraît pas très réaliste. Examinons la méthodologie qui a été utilisée.

Cette méthodologie peut être trouvée en ligne. Quels sont les critères pour avoir un bon classement?

Le premier critère est le nombre d’anciens élèves et de personnel qui ont obtenu un prix Nobel ou une médaille Fields. Pourquoi pas, mais de mon point de vue, cela ne renseigne pas sur la qualité éducative d’une faculté; si vous êtes un génie (de type Newton, Einstein), vous obtiendrez un prix dans votre vie indépendamment du lieu où vous avez étudié. Einstein est né à Ulm dans le Wurtemberg en Allemagne. Peut-on en déduire qu’Ulm est dans les 20 meilleures villes au monde contenant les personnes les plus intelligentes? Non, évidemment.

Le nombre de citations de chercheurs dans 21 catégories de recherche est aussi un critère. Les articles publiés dans Nature and Science, Science Citation Index-expanded, Social Science Citation Index. Toutes ces publications analysées sont en langue anglaise. Logiquement les deux « meilleurs pays » du classement sont les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni, deux états anglophones; Canada n’est pas loin derrière, à la 5e place. Même si l’anglais devient la langue internationale dans le monde académique, de nombreux pays, en Europe en particulier, ne publient toujours pas toute leur recherche en anglais mais dans leur langue maternelle. Par conséquent le Classement est biaisé et les institutions anglophones sont favorisées.

Le dernier critère pris en compte et la taille de l’institution. On voit donc que les critères sont peu nombreux et peu pertinents. Ce dernier critère met le doigt sur un sérieux problème: les différences d’éducation.

En réalité, établir un classement des universités mondiales n’est pas possibe. Les différences sont bien trop grandes entre les universités et les systèmes éducatifs des différents pays. Prenons quelques exemples. Dans certains pays, il a une grosse sélection pour l’entrée à l’Université (i.e. Angleterre), dans d’autres, toute personne ayant un diplôme du secondaire est accepté (i.e. France). Certaines universités sont publiques et d’autres privées (le Classement ignore ce fait). En France, 85,7% du budget des université est financé avec de l’agent public, on tombre à 59,3% au Canada et à 46,9% aux États-Unis d’Amérique. La taille des universités est très différente. La région parisienne compte 17 universités pour 10 millions d’habutants : Paris I à Paris XIII, Université de Marne-la-Vallée, Université de Cergy-Pontoise, Université d’Évry-Val d’Essonne, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. À Tokyo, 12,5 million d’habitants, il y a plus de 100 universités si on compte aussi les « colleges ». Certaines grandes villes du monde ont seulement 4 ou 5 universités. Ce n’est pas équitable. Le budget des universités varie beaucoup: Paris VI, la plus grande université scientifique française a un budget de 243 millions d’euros (2002) pour 30 000 étudiants; Harvard aux États-Unis d’Amérique a 29,2 milliards de dollars (2006), cent fois plus, pour 20 000 étudiants.

Comment qualifié ce classement? Biaisé, non pertinent, faux: choisissez votre terme.

Vive les J.O.

Les prochains Jeux olympiques se dérouleront à Londres. À vrai dire, je m’en moque un peu : je préférerais qu’il n’y ait pas du tout de Jeux olympiques. De plus, Londres et Paris sont globalement à la même distance de chez moi. Toutefois, cela me fait quand même plaisir que Paris ne l’emporte pas, au vu de tout le tapage médiatique qui a été fait autour de ces J.O. Tous ces athlètes français, fiers, qui nous font l’apologie de l’effort physique, des performances, du « beau sport ».

Du sport? Quel rapport avec les J.O.? J’ai beau chercher, je ne vois pas. Je pense aux J.O. d’Athènes, où les spectateurs n’avaient pas le droit d’apporter de l’eau ou toute nourriture, mais étaient obligés d’acheter les boissons de la marque Coca-Cola et Heineken ou de manger la nourriture de Mac Donalds. Interdit aussi de mettre des vêtements qui contiennent des marques autres que les sponsors. Quant aux athlètes, toujours le même problème, la tricherie du dopage. De nombreux contrôlés positifs, toujours les mêmes pays qui gagnent… Ceux qui ne sont pas contrôlés positifs ont probablement les meilleurs dopants qu’on dépistera dans dix ans. Bref, on ne nous parle que de sport, à l’arrivée il n’y a que du business. Les vrais sportifs qui préférent le sport « biologique » ne passent jamais les sélections face aux concurrents moins scrupuleux et drogués jusqu’à la moelle. Bref, les J.O. sont loin, tant mieux. La France a déjà assez de malheur comme ca, ne serait-ce qu’à cause du gouvernement UMP, pour ne pas y ajouter les J.O. Bon courage, amis Anglais !