Il y a un an dans un article, nous nous réjouissions du départ forcé des colons de la bande de Gaza (même si, compte tenu du contrôle de l’espace aérien, maritime et du contrôle des frontières, l’ONU ne reconnait pas la fin de l’occupation de ces territoires). On y croyait un peu, ou bien on voulait y croire, à cette paix au Moyen Orient. Malheureusement, on est revenu de nombreuses années en arrière. Suite à l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah, Israël a décidé de détruire entièrement le pays du cèdre.
La riposte d’Israël est largement disproportionnée et choquante sur bien des points. Certes, le Hezbollah a enlevé deux de ses soldats. Le Hezbollah – qui rime avec « mollah » – est d’ailleurs un mouvement pas franchement sympathique : mouvement politique chiite libanais, il possède une branche armée et son emblème contient une kalachnikov et un verset du Coran. Tenu pour le responsable de nombreuses prises d’otages d’occidentaux dans les années 1980, le Hezbollah justifie la poursuite de ses activités contre Israël par le litige sur la zone des fermes de Chebaa, appartenant au Liban mais occupée depuis 1967. Israël a aussi bombardé le Liban à mainte reprise depuis les années 1980, et a disposé de nombreuses mines dans le Sud-Liban. Bref, le Hezbollah n’est pas qu’un grand méchant loup; pour beaucoup de Libanais, c’est aussi un rempart face à Israël, qui les aurait peut-être envahi depuis longtemps si la branche armée du parti chiite n’existait pas. Par ailleurs, le Hezbollah possède aussi des hôpitaux, des écoles, une chaîne de télévision et des orphelinats. De plus, il compte 14 sièges (sur 128 au total) au parlement libanais depuis les élections de 2005. Une chose étonnante pour un mouvement religieux de la sorte, il présente des candidats sunnites et chrétiens en plus de candidats chiites à chaque élection. On notera aussi que le Hezbollah a toujours dit avoir des ambitions nationales et ne veut pas porter le Jihad dans le monde entier, ce qui l’éloigne d’organisations terroristes telles qu’Al-Qaïda.
En tous cas, plutôt que de s’asseoir à la table des négociations, Israël a préféré frapper fort, très fort, en « défonçant » tout le Liban. Pendant ce temps là, la communauté internationale ne dit pas grand chose. Les Européens en particulier, peut-être à cause d’un sentiment de culpabilité par rapport à la Shoah (qu’une partie de la communauté juive européenne utilise à des fins politiques) n’ose pas critiquer la nation des Juifs. Ce qui place Israël en position de toute puissance aussi, c’est son allié indéfectible, les États-Unis d’Amérique. Critiquer fermement Israël, c’est se mettre à dos le pays le plus puissant du monde. Et les États-Unis d’Amérique ont droit de veto à l’ONU, donc les Nations Unies sont inopérantes. Israël peut donc en toute tranquilité détruire le Liban, un pays qui a déjà tant souffert de la guerre civile et qui commençait à peine à essayer de se construire un avenir meilleur.
Alors que l’on arrive à deux semaines de guerre contre le Liban, la situation est catastrophique, et un cessez-le-feu est plus qu’urgent. Israël doit stopper le massacre, arrêter les violations de territoire de ses voisins et jouer la carte de la diplomatie. Une guerre comme celle là jette le Moyen-Orient des années dans le passé. Cette guerre justifie l’existence du Hezbollah au Sud-Liban et le renforce ; elle est un argument en faveur d’un programme militaire atomique iranien (on peut supposer que si le Liban possédait l’arme nucléaire, Israêl ne l’aurait pas aggressé de la sorte) et surtout, elle contribue à l’impopularité de l’état hébreu dans cette partie du monde. Que faudra t-il pour arrêter Israël, pays militaire – Israël consacre 5 milliards de dollars par an à son budget militaire, 25% du budget de l’Etat – et religieux?
En deux semaines, l’horreur n’a pas de limites, et tout est permis pour Israël. Des centaines d’habitations civiles ont été bombardé dans tout le Liban. Les ponts, les bases aériennes, les ports, les centraux téléphoniques, les antennes de la radio-télévision nationale libanaise et de nombreuses infrastructures ont été détruits. Des bombardements sur une centrale électrique au début de la guerre ont aussi provoqué une marée noire de plus de 10 000 tonnes de pétrole. Tsahal vise aussi tous les camions sans distinction puisqu’ils pourraient transporter des missiles. Le 19 juillet, l’aviation israélienne a même bombardé un orphelinat au Sud-Liban. Le 23 juillet, deux ambulances de la Croix-Rouge ont été touchées par des missiles israéliens, faisant neuf blessés dont six membres de la Croix-Rouge. Le 25, un poste de l’ONU a été bombardé causant la mort de plusieurs casques bleus observateurs. Des bombes pleuvent toute la journée sur la population civile, et les israeliens entravent le déploiement de l’aide humanitaire internationale. Comme si ce n’était pas assez, le personnel médical libanais a constaté qu’Israël utilisait des bombes au phosphore et à fragmentation. Au 24 juillet, on estime à près d’un million le nombre de réfugiés ou personnes déplacées. Pendant ce temps là, le Hezbollah resiste en tirant des missiles sur les villes israeliennes proches de la frontière.
Le Liban est mis à feu et à sang, détruit, massacré. Pendant ce temps là, la communauté internationale regarde, condamne mollement parfois, mais ne réagit pas. Israël continue sa sale guerre, tout ceci avec la bénédiction des États-Unis d’Amérique, qui accèlèrent l’acheminement de nouvelles armes vers l’état hébreu. Triste monde.