Suite aux révélations de harcèlement sexuel dont aurait fait preuve le producteur de cinéma américain Harvey Weinstein, la machine misandre tourne à plein régime dans les médias et les réseaux sociaux. Les hommes sont des violeurs. Les hommes sont des prédateurs. Pour insister lourdement, on utilise une pluie de statistiques : une femme battue meurt toutes les 10 minutes en France, une femme est violée toutes les heures. Peu importe s’il s’agit systématiquement d’une extrapolation d’un petit nombre de plaintes ou de témoignages, sans grande méthode scientifique. Peu importe si on mélange allégrement viol, agression, harcèlement, regard appuyé, tentative de séduction, compliment ou remarque qu’on a trouvé désobligeante. Les individus de chromosomes XY sont coupables.
Sur Twitter, pour qui tout drame peut se transformer en business, on va vu fleurir des étiquettes #metoo et #balancetonporc. L’étiquette en français est révélatrice : des femmes qui ont été agressées sont invitées à dénoncer leur agresseur forcément masculin. Si cela part d’une bonne intention, car il est important de libérer la parole des victimes, le procédé est assez catastrophique. Dans une démocratie, l’endroit pour se plaindre d’une agression, c’est la police ou la justice. Ici en revanche, on balance un nom, sans avoir besoin de se justifier. On est plus près de la délation, ou de la vengeance, que de la justice. Avec toutes les dérives de diffamation et de lynchage public que cela entraîne.
Les violences sexuelles sont inadmissibles et doivent être dénoncées. Cependant, dans de nombreuses interventions, on se détourne de ce sujet très grave pour stigmatiser une partie de la population : les hommes. Pourtant, les hommes sont aussi victimes de violences sexuelles et conjugales. De plus, c’est triste d’avoir à le préciser, de nombreux hommes ne sont ni des agresseurs, ni des complices. Cette manière de voir dans tout homme un agresseur est le signe de l’américanisation rampante de l’Europe. En Amérique du Nord depuis déjà plusieurs décennies, il est déconseillé à un homme de se retrouver seul dans une pièce avec une femme, il pourrait facilement être accusé d’agression sexuelle.
Dans le cadre de la misandrie ordinaire que l’on nous ressort désormais à toutes les sauces, il y a aussi la théorie du vilain patriarcat et de la relation dominé-dominant à la Bourdieu. Dans le langage féministe à la mode, l’homme mâle blanc est le grand Satan. C’est criant de naïveté. En réalité, la majorité des gens a toujours été dominée par une poignée d’autres, hommes et femmes confondus. L’homme blanc d’aujourd’hui domine t-il Christine Lagarde, la présidente du FMI ? Ou Angela Merkel ? Ou même sa DRH ? Dominait-il Liliane Bettencourt, 11e fortune mondiale ? L’homme du passé dominait-il Cléopâtre, Catherine II, Margaret Thatcher ? Bien sûr que non. L’homme français moyen domine t-il sa mère ou sa sœur ? Je ne pense pas non plus. Les individus de sexe masculins sont aussi davantage exposés à l’alcoolisme, au suicide, au fait de vivre dans la rue et ont une espérance de vie plus courte, sont-ils en situation de domination ?
Au final, ces raccourcis misandres sont abjects. D’une part, parce que leurs auteurs utilisent un vrai problème (le harcèlement) pour stigmatiser une partie de la population. D’autre part, parce que ce genre de polémique permet au pouvoir en place de détourner l’attention des citoyens des vrais problèmes. Ainsi, les médias s’enthousiasment de l’égalité de la nouvelle Assemblée nationale qui n’a jamais compté autant de femmes… alors qu’elle n’a jamais eu autant de cadres et qu’elle ne compte aucun ouvrier. D’autre part, cela exclut de fait de la lutte contre le harcèlement tous les hommes qui sont pointés injustement du doigt et qui pourraient être autant de bonnes volontés pour améliorer la société.