Ces derniers jours, j’ai entendu parler du Classement des universités mondiales. J’ai lu dans la presse, « cette université en Allemagne est bien car elle est bien classée dans le Classement. Celle-là en revanche, au Royaume-Uni, est mal classée : n’y envoyez pas vos enfants ». C’est assez divertissant. Les gens parlaient du Top 500 des univeristés mondiales fait par à l’Université de Shangai Jiao Tong. Dans les 20 premiers, on trouve 17 universités américaines. Cela ne paraît pas très réaliste. Examinons la méthodologie qui a été utilisée.
Cette méthodologie peut être trouvée en ligne. Quels sont les critères pour avoir un bon classement?
Le premier critère est le nombre d’anciens élèves et de personnel qui ont obtenu un prix Nobel ou une médaille Fields. Pourquoi pas, mais de mon point de vue, cela ne renseigne pas sur la qualité éducative d’une faculté; si vous êtes un génie (de type Newton, Einstein), vous obtiendrez un prix dans votre vie indépendamment du lieu où vous avez étudié. Einstein est né à Ulm dans le Wurtemberg en Allemagne. Peut-on en déduire qu’Ulm est dans les 20 meilleures villes au monde contenant les personnes les plus intelligentes? Non, évidemment.
Le nombre de citations de chercheurs dans 21 catégories de recherche est aussi un critère. Les articles publiés dans Nature and Science, Science Citation Index-expanded, Social Science Citation Index. Toutes ces publications analysées sont en langue anglaise. Logiquement les deux « meilleurs pays » du classement sont les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni, deux états anglophones; Canada n’est pas loin derrière, à la 5e place. Même si l’anglais devient la langue internationale dans le monde académique, de nombreux pays, en Europe en particulier, ne publient toujours pas toute leur recherche en anglais mais dans leur langue maternelle. Par conséquent le Classement est biaisé et les institutions anglophones sont favorisées.
Le dernier critère pris en compte et la taille de l’institution. On voit donc que les critères sont peu nombreux et peu pertinents. Ce dernier critère met le doigt sur un sérieux problème: les différences d’éducation.
En réalité, établir un classement des universités mondiales n’est pas possibe. Les différences sont bien trop grandes entre les universités et les systèmes éducatifs des différents pays. Prenons quelques exemples. Dans certains pays, il a une grosse sélection pour l’entrée à l’Université (i.e. Angleterre), dans d’autres, toute personne ayant un diplôme du secondaire est accepté (i.e. France). Certaines universités sont publiques et d’autres privées (le Classement ignore ce fait). En France, 85,7% du budget des université est financé avec de l’agent public, on tombre à 59,3% au Canada et à 46,9% aux États-Unis d’Amérique. La taille des universités est très différente. La région parisienne compte 17 universités pour 10 millions d’habutants : Paris I à Paris XIII, Université de Marne-la-Vallée, Université de Cergy-Pontoise, Université d’Évry-Val d’Essonne, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. À Tokyo, 12,5 million d’habitants, il y a plus de 100 universités si on compte aussi les « colleges ». Certaines grandes villes du monde ont seulement 4 ou 5 universités. Ce n’est pas équitable. Le budget des universités varie beaucoup: Paris VI, la plus grande université scientifique française a un budget de 243 millions d’euros (2002) pour 30 000 étudiants; Harvard aux États-Unis d’Amérique a 29,2 milliards de dollars (2006), cent fois plus, pour 20 000 étudiants.
Comment qualifié ce classement? Biaisé, non pertinent, faux: choisissez votre terme.