Le racisme progresse singulièrement en Europe occidentale depuis plusieurs années, excepté peut-être en Allemagne et en Angleterre. Pour contrer cette poussée xénophobe, plusieurs personnes ont eu l’idée de monter des associations antiracistes et/ou pour la défense des étrangers et des immigrés, ou de certaines communautés culturelles françaises. C’est une bonne idée, car pour combattre la propagande raciste, être bien organisé peut être un atout majeur. De plus, l’intégration des immigrés en France et en Europe est un sujet très important. Malheureusement, les associations de lutte contre le racisme ressemblent parfois davantage à des associations soutenant des replis identitaires. Dans cet article, faisons le tour des sites Internet de différentes associations.
Commençon par le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP). Les plus geeks d’entre vous noterons au passage que le site est fait à l’aide de Zope/Plone, des logiciels libres. Maintenant, arrêtons nous au contenu. Dans le communiqué du 4 février 2006 on apprend que le MRAP condamne la publication des caricatures de Mahomet et même va porter plainte contre des journaux qui les ont publiées. Le MRAP se place donc publiquement en faveur du blasphème et contre la liberté d’expression. Le mouvement confond aussi racisme et critique de la religion qui me paraissent pourtant être des notions bien différentes. Dans un autre communiqué de juin 2006, on apprend que les différentes associations se font la guerre… bel exemple « d’amitié entre les peuples »! À propos du MRAP, on se rappelle d’autres prises de positions troublantes, comme celle en faveur de la libération de Maurice Papon en 2001 (sur laquelle le mouvement est revenu). L’association défend aussi systématiquement les islamistes, en se prononçant en faveur du voile à l’école et en allant même jusqu’a demander que des repas halal soient servis dans les écoles (sur France 2, en janvier 2005).
Rendons nous maintenant sur un autre site, celui de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA). La première remarque qu’on peut se faire, évidemment, c’est le nom de l’organisation. Le fait de distinguer racisme et antisémitisme me choque : il y a t-il une hiérarchie des racismes ? Pourquoi mettre l’antisémitisme à part de tous les autres racismes ? Dès la première page, beaucoup de textes au ton alarmiste : « Les eurodéputés veulent déclarer le président iranien « persona non grata » » ; « Pologne : tolérance zéro contre l’antisémitisme » ; « Agression du grand rabbin de Pologne à Varsovie » ; « Bruno Gollnisch : ordonnance de non lieu infirmée en appel ». De nombreux titres du même genre, ce qui donnerait presque envie de devenir paranoïaque. C’est sûr, on a l’impression d’être sur le site d’une association qui fait la guerre et des procès, pas qui essaie de lutter calmement et avec pédagogie contre le racisme. Chose étonnante, dans le menu sur le côté, il est écrit « Signalez nous un contenu xénophobe ». Si on clique dessus, on arrive sur un joli formulaire de délation. Je ne vois pas bien l’utilité de ce genre de chose, les membres de la LICRA pourront trouver tout le contenu raciste qu’ils veulent avec un moteur de recherche. D’autre part, je ne pense pas que la meilleure façon de lutter contre le racisme soit de faire des procès et de fermer des sites, cela devrait plutôt être de démonter les arguments des xénéphobes.
Naviguons chez SOS Racisme. Le site parait d’abord plus agréable que les deux précédents, si toutefois on ne fait pas attention au bandeau contre les lois Sarkozy qui détruit un peu les yeux. Pourtant, on trouve un article qui énonce toute une série de crimes dit « racistes », où il me semble bien que dans certains cas le caractère raciste du délit n’a pas été prouvé. De même que sur les sites d’extrême-droite on dresse des listes d’agressions où on souligne le patronyme de l’aggresseur (alors que le nom de famille du délinquant n’a sans doute pas grand chose à voir avec les faits), ici on insiste sur le nom de la victime… Ensuite on apprend sur le site que SOS Racisme continue de faire du testing, technique qui est quand même fortement criticable. Un point commun avec la LICRA, dans la catégorie dossiers, une rubrique est consacrée à l’antisémitisme, mais pas aux autres racismes (racisme anti-maghrébin, anti-noir etc.), comme si l’antisémitisme était un racisme à part. On peut penser que cela est dû à la forte présence de membres du syndicat étudiant « sectaire » Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) – à la tête de SOS Racisme.
Je sais que conduire un combat comme celui là n’est pas simple. Ces associations font sûrement de leur mieux. Cependant, il est affolant de remarquer que ceux qui prétendent lutter contre les discriminations et le racisme ressemblent davantage à des organisations qui soutiennent le repli communautaire. Dommage, parce qu’on aurait bien besoin de ces associations à l’heure ou les Le Pen, de Villiers et Sarkozy poussent comme des champignons.